SEAN PENN, LA SUPER PRESIDENCE

Publié le par ricard burton

PROMEL VANTHOR : Sean Penn, c’est avec plaisir que j’ai appris que vous étiez président du jury de Cannes. Comment avez-vous reçu cette nouvelle et pourquoi avez-vous accepté ?

 

SEAN PENN : Pour diverses raisons bien spécifiques. J’étais déjà venu et j’avais beaucoup aimé la croisette, l’esprit des gens, la manière simple qu’ils ont de vivre et de s’aimer. J’ai eu envie de revenir jeter un coup d’œil dans le but de m’acheter un appartement. Et lorsque M. Frémaux a eu la bonne idée de me proposer la présidence, je me suis dit que je pouvais en profiter pour faire un investissement immobilier. Vous savez les femmes très bronzées, avec quelques chirurgies, les seins à l’air, les culottes de maillots de bain fluo, avec des ray-ban ou des persol, arriver à mon âge, ça a son charme. Ce ne sont pas les seules raisons, je suis venu aussi pour le jury. Il y en a plusieurs que je voulais rencontrer depuis un bout de temps comme Rachid Bouchareb par exemple, j’ai adoré Indigènes et j’aimerais lui proposer d’en faire un remake en 3D, une version pour les enfants, ce pourrait être sympa. Sinon il y a aussi Marjane Satrapi dont j’ai vu Persepolis, pareil, grosse émotion, très bon film. J’aimerais lui demander ce qu’elle va bien pouvoir sortir maintenant qu’elle vient de raconter 20 ans de sa vie dans un film. Faudrait qu’elle se fasse enfermer en Birmanie ou qu’elle aille en Corée du Nord promouvoir les USA : dix ans de cachot lui permettront de se raconter à nouveau.

 

PROMEL VANTHOR : Que vous inspire la sélection, et quels films attendez-vous par-dessus tout ?

 

SEAN PENN : La sélection me donne envie d’allumer une cigarette (rires). Très honnêtement, il n’y a pas de quoi se taper la tête contre les murs. Je ne suis pas un grand spécialiste de la sélection cannoise. Cependant il ne faut pas être très au courant pour savoir que chaque année à Cannes, ce sont toujours les mêmes. Je suis content de faire ce job mais c’est toujours pareil : James Gray- les Dardenne- Wenders- Egoyan… C’est vrai que Cannes est mieux que Venise ou Berlin, surtout dans ses lauréats mais on ne peut pas non plus crier à l’originalité il me semble. Non il n’y a pas vraiment de films que j’attends avec impatience, je n’ai pas le sentiment qu’il y ait quoi que ce soit de fort ce coup-ci encore. Enfin si, je verrais bien le nouveau film de Barry Levinson dans lequel je joue. Je n’ai pas pu me rendre au montage de ce dernier.

 

PROMEL VANTHOR : Même pas le film de Clint Eastwood donc ?

 

SEAN PENN : J’ai reçu un Oscar pour le film que j’ai fait avec lui. Je trouve que c’est un bon réalisateur mais personnellement je préfère sa période 70-80, Ca Va Cogner, Doux, Dure et Dingue. Aujourd’hui il est devenu un auteur, quelqu’un qui a pris de l’épaisseur et le grand malheur dans tout ceci, c’est que tout le monde s’est mis à le lui dire et il se complaît dans ce genre de films. Il serait bien que le bonhomme revienne à la surface et se remette à faire des films plus légers. Pareil encore ici, on se plaint qu’il n’y a pas assez de renouvellement mais que voulez-vous faire quand des types comme lui continuent à faire un film quasiment tous les ans ? Je vais voir comment lui annoncer en douceur qu’il ferait mieux de s’arrêter. Je pense peut-être créer un prix spécial, histoire de lui faire comprendre devant tout le monde qu’il devrait penser au recyclage. Il y a des vieux en bas de chez moi qui vendent des fausses glaces à la vanille, je pourrais leur en toucher deux mots, ils ont peut-être besoin d’un adjoint.

 

PROMEL VANTHOR : On vous sait très proche de différents mouvements, vous avez beaucoup participé au sauvetage de personnes lors de Katrina, vous avez voyagé au Venezuela, en Irak.

 

SEAN PENN : C’est exact.

 

PROMEL VANTHOR : Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous dans votre vie et pour la planète ?

 

SEAN PENN : Dans ma vie, pas grand chose puisque j’ai tout. Une belle femme, des enfants très intelligents, une filmographie exigeante. Si j’avais une baguette pour le monde alors les choses seraient bien différentes. Je changerais notre Président évidemment, je supprimerais le Parti Républicain et tout ce qu’il y a trop à droite. J’inventerais un arbre qui pousserait éternellement et d’où sortiraient des fruits, des voitures, des dentiers, tout ce dont le monde a besoin, un arbre de vie à multifonctions. Je ferais qu’il n’y ait plus de tensions raciales, que toutes les races se mélangent pour arriver à une race unique, celle du prédateur enfantin.

 

PROMEL VANTHOR : Il se murmure que cette présidence au festival serait votre dernière apparition dans le monde du cinéma, est-ce vrai ?

 

SEAN PENN : Vous êtes drôlement bien informé, dites moi. C’est effectivement une option, les choses restent à définir sobrement et avec la tête froide. Bruce Lee, James Dean ont fait très peu de films et ils sont restés. J’en suis à quatre, j’ai été encensé par le monde entier. Si je venais à me retirer, ce serait formidable, les gens me pleureraient, me regretteraient. Je crois que ce serait préférable pour tout le monde. J’ai fait beaucoup pour mon pays et je crois qu’il est temps d’avoir un juste retour. Vous savez, je ne pensais pas que j’aurais eu une carrière si pleine.

 

PROMEL VANTHOR : Que pensez-vous faire ces prochaines années donc ?

 

SEAN PENN : Partir me ressourcer, regarder au loin un troupeau de buffles et me demander si je n’irais pas les rejoindre. En me touchant le front le mois dernier, j’ai senti comme des excroissances, la taille de mes pieds s’est considérablement rapetissée et je me déplace le plus souvent à quatre pattes maintenant, c’est l’appel de la forêt, je le sens. Mais avant d’aller rejoindre mes semblables pour aller fouler les verts pâturages, je veux profiter encore de mes enfants car je sais qu’ils ne pourront pas me suivre. Bonne année mes petits.

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P
Docteur Beuchard, Malheureusement M. Sean Penn a menacé de me frapper si je m'approchais à nouveau de lui. Je n'aurai pas votre réponse. Mais je sui sur que dans votre université, il devrait y avoir un début de réponse. <br /> Je garde mes oreilles ouvertes.
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D
"Je ferais(...) que toutes les races se mélangent pour arriver à une race unique, celle du prédateur enfantin". Professeur en anthropologie à l'université Jean-Pierrer Chévenement de Belfort, je suis très intéressé par ce concept de "prédateur enfantin", ce gamin qui aurait enfin réussi "le meurtre du père" pour reprendre l'expression de Freud. Serait-il possible de demander plus de développement à Sean Penn, ou pouvez-vous nous dire ce qu'il voulait signifier. <br /> <br /> Je vous remercie, et mes patients aussi
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