DANIEL AUTEUIL AIME SON PAYS

Publié le par ricard burton


ASMIR BELICH : Daniel Auteuil c’est avec joie que je vous reçois aujourd’hui pour cette interview sans concession. On va commencer fort : je voudrais savoir ce que cela fait d’être l’acteur français le plus surestimé de ces dernières décennies ?

 

DANIEL AUTEUIL : Oh putain, vous êtes vaches. Bon eh bien écouter, je vais jouer votre jeu, très bien. Cela doit me faire à peu près le même effet à vous qui travaillez à Positif ou aux Cahiers. Quel effet cela fait d’être la presse spécialisée la plus surestimée de ces vingt dernières années ? Soyons francs, ces deux titres ne vivent que sur leur gloire passée. A qui importe les critiques des Cahiers du Cinéma ?  Tout le monde n’en a rien à branler de ces conneries, le mensuel a cessé d’exister depuis La Nouvelle Vague, ça vous dit quelque chose ? Et pour ce qui est de Positif bon, là c’est no comment. Ciment est une tache.

 

ASMIR BELICH : Vous n’avez pas complètement tort sauf que je ne travaille pour aucun de ces canards. Je voulais tout de même vous dire que, pour ma part, il est fatigant d’entendre dire que vous êtes un acteur formidable, avec un jeu impressionnant. Il ne faut pas oublier d’où vous venez tout de même. Vous le savez n’est-ce pas ?  Les Sous-doués : moi cela me va très bien j’adore ce film, je viens de le racheter en Blu-ray. Et puis un jour il y a Claude Berri qui passe et qui vous voit en Ugolin. Alors là le monde est en pleine extase, les femmes se pâment. Vous voilà devenu un très bon acteur et c’est là où je veux en venir.

 

DANIEL AUTEUIL : Oui évidemment Jean de Florette a été un tournant important pour moi. C’est là que j’ai compris que je pouvais justement montrer toute l’étendue de mon talent. Claude Berri a vraiment eu le nez creux de me mettre ici alors que personne et surtout pas Depardieu ne voulait de moi. Il y a un autre rôle que j’aurais aimé faire mais pour lequel j’ai été recalé, pour le Huitième Jour. Je sais, j’ai joué dedans mais je voulais l’autre rôle. J’ai pourtant passé plusieurs mois dans un centre, mais ça n’a pas suffi. 

 

ASMIR BELICH : On vous sent quand même très fragile depuis un certain temps. On dirait que vous prenez un malin plaisir à enchaîner les mauvais films.

 

DANIEL AUTEUIL : Vous savez pour un acteur de ma trempe, arriver à mon âge cela devient compliquer. Quand vous voyez que tous les films français sortent avec au moins quatre, cinq parfois dix acteurs connus, cela fait peur. On ne peut plus rien monter sans quatre ou cinq noms aujourd’hui, vous rendez vous compte ? Je veux bien avouer qu’il m’arrive de faire des petites merdouilles mais tout de même, admettez que les autres films ne sont pas terribles non plus. Si aujourd’hui Guillaume Canet peut gagner un césar de meilleur réalisateur face à Alain Resnais, je me dis que nous sommes face à une crise majeure du cinéma. Nous nous américanisons et pas pour le meilleur, n’en déplaise à ce gros tas de Besson.

 

ASMIR BELICH : Vous dite ça et c’est tout à votre honneur mais lorsqu’on voit votre dernier film 15 ans et demi, on est tout de même en droit de se demander si vous ne faites pas de même. Car de toute évidence cette comédie régressive aurait très bien pu être produite par Luc Besson. J’ai eu la chance de voir le film en avant-première et je dois dire qu’il dépasse l’entendement. Comment avez-vous pu vous fourvoyer dans une merde pareille ? Que vous a-t-on promis ? De faire le remake américain ? Je croyais justement toute cette période de films abominables derrière vous.

 

DANIEL AUTEUIL : Justement, je trouvais important de me remettre à ce genre de comédies un peu stupides mais qui atteindra, j’en suis sûr, le million. Pour ça je vais m’assurer de faire toutes les émissions pour en causer. Je veux défendre ce film qui véhicule une morale qui me parle. J’ai envie que mes enfants grandissent dans un monde où de telles productions sont faites. C’est avec ce genre de films que notre pays réussira  à rester dans l’élite.

 

ASMIR BELICH : Et l’action de notre président, qu’en pensez-vous ?

 

DANIEL AUTEUIL : Je pense que c’est un être formidable. Je serais d’avis pour qu’on en fasse  une poupée. Vous savez comme les Kiki : faudrait un petit Sarkozy, ça porterait chance. J’aurais bien fait sa campagne présidentielle aussi mais avec Christian Clavier, nous avions peur de faire doublon. J’ai préféré le laisser agir.

 

ASMIR BELICH : Cela ne vous gêne qu’il se soit autoproclamé Président du pouvoir d’achat quand on voit ce qu’il fait aujourd’hui ?

 

DANIEL AUTEUIL : Pas vraiment parce que vous savez moi je vais vous dire, une personne qui est incapable d’acheter une bouteille de lait pour son fils, même si son prix a quadruplé, n’est pas le bienvenu dans notre monde. Un homme se doit de faire face à toutes les situations. Il s’adapte ou il meurt. Moi est-ce que je me plains que le baril soit à 117$ ? Non et pourtant je fais du Quad tous les week-ends. On a de la fierté ou on n’en a pas.Maintenant que je lui ai filé Carla, regardez comme il a changé. Il est émouvant ce type moi je vous le dis. J’espère qu’il fera vite le ménage en banlieue parce que je dois tourner une super comédie à Sarcelles avec Fabrice Luchini.

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P
J'adore les journalistes comme Ricard ;) !!! Mais alors l' "être exceptionnel", c'est vraiment trop fort ce que vous savez prendre de cet Auteuil ("au deuil" quand ?!! non c'est pas sympa et nul j'avoue !)...sans vouloir tout citer avec grande facilité : "je veux que mes enfants connaissent ces productions...C'est l'élite..." : l'ironie est à son sommet mais j'espère bien vraiment que ça s'améliorera !!! En ce moment même les comédies bien à la franchouille, franchement à part la vague ch'ti (oui j'ai aimé bien que ça n'aille rien non plus de fantastique !) euh...gloups ! :/ allez je stoppe ma tambouille à bientôt, vous voyez ce que je veux dire de toute façon pour le cinoche actuel !
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F
Merci Ricard. Dans tes interviews, tu réussis toujours à surmonter la fameuse langue de bois et tu évites avec le politiquement correct, bravo. Par contre je me pose une question. Pourquoi tant de faux morts actuellement dans les médias, comme Philippe Manoeuvre, Pascal Sevran et Rachida Dati ? <br /> Merci de bien vouloir mener l'enquête. Sinon, toi t'es trop cool, même mon oncle t'aime bien et pourtant c'est un con.
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