HISTOIRE DE LA DESILLUSION D'UN JEUNE PHILOSOPHE - RICARD CANCANE A CALAIS / 9

Publié le par ricard burton

brandoapoca67maryellenmark.1242118344.jpgCinq jours que la compétition a pris fin. On dirait que cela en fait cinquante ou cinq cent, peu importe. Le fait est que Cannes, c'est une information comme une autre, qui part vite, une fois la chasse tirée. Qu reste t-il sur le carreau ? A parts quelques pigistes et autres gros gratteux battant le bitume, retournant dans leurs locaux humant la connerie, bien de gauche dégoulinante, dégueulasse et moraliste et aucunement humaniste. Privés d'esprit anarchiste, on devient vite une loque, carpette, un fusible pouvant sauter à tout instant mais dorloté par une belle bande d'antidépresseurs.


Difficile de revenir à Paris. Je ne suis pas revenu. J'y suis passé. Je l'ai contourné. En mini-van. Le pied sur le champignon et ma verge dans un autre. J'ai trouvé une cinéphile à Cannes, bien dépressive, de Calais. Une amoureuse de Lynch, Cassavetes, de Kubrick. La triplette cinéphilique. Manquait un français là-dedans, un Godard ou un Bouche-Villeneuve. Elle était venue à la fête Dior, maison pour laquelle David, méditation, Lynch avait réalisé un film institutionnel avec globul's eyes, Marion Cotillard. Une merde, une contribution au grand n'importe quoi dans lequel ce réalisateur à plat, s'est retrouvé au meilleur de sa méforme. Après les Galeries Lafayette, la PS2, Louboutin... Lynch n'en finit plus de participer à l'enlaidissement de sa création. Sa fille ne faisant que des navets, cuisson vapeur, il flippe et met de l'argent de côté, en se faisant violer, avec gourmandise. En tous les cas, nous sommes rentrés, j'ai dansé avec ma dépressive, nous avons serré la main de Lynch, celle d'Ingrid Betancourt, de Bill Pulman, d'Estrosi, et nous sommes rentrés dormir dans son petit camion, en retrait de la croisette, là où mon moustachu ne viendrait pas me chercher.uiiiu

Il y a eu un Palmarès finalement à ce Festival que tout le monde disait pourtant menacé par des dissidents iraniens. 
Première erreur qui aura surtout comme incidence de me créer des problèmes: le prix de la mise en scène donné à Matthieu Amalric et sa tête de toutou trempé tombé du panier... 
Ce prix a t-il encore une résonance quand Kassovitz, Schnabel et Gatlif l'ont reçu ? Il est tout à fait dommageable d'encourager des bribes de talents dans une voie qui n'est évidemment pas la leur en leur promettant que cette récompense est l'anti-chambre de la Palme.
Autant passer sur les prix d'interprétation qui n'ont été décernés que parce qu'il s'agissait du règlement. Mais une chose est sûre, Juliette Binoche est vraiment à plaindre et il ne serait pas étonnant qu'un jour, elle se jette d'un pont.

Grand Prix du Jury au gros Beauvois. Aller, pourquoi pas. Il fallait bien donner un os à la France qui ne cesse de se ridiculiser avec une offre de films jamais à la hauteur du reste de la compétition. Il est renversant de constater que, années après années, nous touchons les fonds. Pensons à remonter. Clonons Pialat, Gance et fusillons les nouveaux ou foutons les dans des broyeurs, même si Desplechin risquent de les endommager.

La croisette s'est déjà nettement vidée à cette heure-ci. Il est évident que personne ne veut voir la consécration d'un thaïlandais intégriste au nom imprononçable et dont le film est le cache-misère d'une production synonyme de suites en rafales, de fuite en avant. Il est peu probable que le film du bonze soit le cinéma du futur, qu'il défriche quoi que ce soit en matière de construction cinématographique. C'est plus un essai à classer du côté de la tendance, de l'ethnique, comme une huile de soja avec laquelle on se plaît à cuisiner pour épater des inviter au ventre préparé. Il n'en restera pourtant rien à part peut-être des passages télévisés sur Canal+ Cinéma, un dimanche soir en troisième partie de soirée après le making-off du dernier Cassel en 3D. On aura beau lui donner encore trois ou quatre autres Palmes, ce cinéaste ne touchera jamais un large public. Il se saurait pas faire cela. Il n'est que le bibelot clinquant d'une vitrine cynique dissimulant une surface de vente dédiée à une difformité, une atrophie artistique. 

J'ai voulu voir de quoi il retournait durant ce Festival et pourquoi donc cela faisait de lui le second événement planétaire le plus médiatisé.... je n'en ai aucune idée, outre l'évidence économique d'une industrie dévorante. Sinon ça a toutes les allures d'un centre HP à ciel ouvert avec tous ces types qui viennent exposer leurs tripailles égocentriques, leurs malaises malsains que d'autres s'empressent d'apprécier en applaudissant ou en faisant pire. Evidemment j'ai passé des instants délicieux, exposé comme une offrande à tous ces journalistes cannibales venant visiter la chambre de mon moustachu. J'ai quelques cartes de visite en ma possession, synonymes de chaleur et peut-être de quelques piges mais dans l'immédiat, je remonte vers le nord, prendre un coup de froid, croquer du lithium et m'acoquiner avec d'autres festivaliers, les clandos. Les pakpak, ces saletés qui voudraient nous faire croire à la misère alors que celle de Cannes crèverait le coeur de n'importe laquelle de ces putains de ménagères que je m'empresserai d'aller embrocher une fois le sort de ma petite dépressive réglé.

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