Lettre à Véronique Courjault

Publié le par ricard burton

mlemaudit.jpgQuand j'ai rencontré Fanny, je venais de franchir la trentaine. J'avais arrêté depuis longtemps le foot avec les potes les dimanches matins lui préférant les grasses matinées obligatoires après les murges que je me mettais la veille et les avant-veilles. Je restais beau mec même avec une bedaine un peu trop balèze. Fanny se moquait bien de mon excédent de poids du moment que j'avais suffisamment de quoi lui mettre entre les dents une fois les deux dans le pieu. Elle par contre, n'était pas très jolie, pas très futée non plus mais elle avait la réputation d'aimer la bite, peu lui importait qui se tenait au bout. J'ai voulu en savoir plus sur son compte, je me suis rapproché d'elle, ai joué ses chansons préférées au juke-box du bar où nous allions chacun de notre côté, espérant attirer son attention. Mon sens de l'humour, mon assise professionnelle ont terminé d'emballer le morceau. Deux jours après, je lui déchirai la vulve à coup de pioche bien tendue. Nous avons baisé ensemble comme des bêtes pendant les deux années qui ont suivi notre rencontre. Avec elle j'allais là où je voulais, le plus profond que je le désirais. Elle n'avait pas de limites, ni dans les hectolitres que je lui déversait sur la gueule, ni dans les coups que je lui administrais, quand, un peu ennuyé, j'avais envie de lui marquer le corps de mes phalanges. Blasé par tant de liberté, heureux, je la demandais en mariage, ne voulant en aucun cas laisser filer le filon. Alors que je pensais lui avoir défoncer les ovaires à force de tant de dérouillées que je lui infligeai, cette connasse trouva le triste moyen de tomber en cloque et surtout de me l'annoncer le jour de mon anniversaire, devant potes et proches. Ce putain de gosse qui allait arriver n'augurait rien de bon et je n'avais pas envie de le voir débarquer. Après une première tentative d'avortement expresse durant laquelle je fis boire de l'ammoniaque à Fanny, je laissai filé mon idée, de peur de la perdre. J'attendis les neuf mois, regarder son ventre se boursoufler en me disant que les trente kilos qu'elle avait pris, plus jamais elle ne les perdrait. Le fils de putain qui germait dans son bide arrivait déjà avec une mauvaise nouvelle, Fanny allait devenir mémère. Avec des veines de partout, éclatées sur ses jambes de fermière. A partir de cet instant, je ne lui faisais plus l'amour que pour la heurter, la blesser, l'entendre couiner, chialer. Rien de plus simple que de faire pleurer une femme. C'est assurément leur plus grand talent. Pour elle aussi c'était son premier gamin. Alors n'y connaissant rien, elle me laissa faire et décider de son éducation. Je lui permis de trouver le prénom: Dylan. Personnellement j'aurais préféré Cadillac.

 

Mes journées de travail se sont considérablement allongées après ça. Je restai plus longtemps sur les chantiers, trouvai des prétextes pour rentrer le plus tard possible et attendre que le gamin s'endorme, ne pas avoir à souffrir de ses cris de petit chiard ignorant. Quand ce n'était pas ses dents, c'était ses diarrhées et quand ce n'était pas ses diarrhées, il s'agissait de ses angoisses. Il avait toujours une excuse pour se plaindre même au-delà de ses six mois, pourtant âge de raison chez les mioches. Si au moins ce petit abruti était né polyhandicapé, j'aurais pu, sans autre forme de procès, le jeter à la casse, ou du haut d'un manège, le regarder s'éclater sur le bitume comme il me regardait jour après jour souffrir de sa présence. Puisqu'il ne l'était pas, j'en décidai autrement et je pris enfin la main sur son avenir, mettant Fanny de côté et ses idées loufoques de l'élever comme s'il le méritait. Pour ses un an, au lieu de lui offrir une quelconque poupée de pédé, je lui ai donné son indépendance. Voir ce qu'il serait capable d'en faire. Vivant dans une maison, nous l'avons collé au rez-de-chaussée, gardant ainsi notre intimité au second. Nous n'étions pas gardés de tout bruit car lorsqu'il se mettait en route et qu'il hurlait, il arrivait à nous réveiller ou à nous déranger lorsque nous regardions la télé. Je fis monter des cloisons isolantes sur chaque mur pour notre tranquillité et la sienne car si nous l'entendions, il nous entendait aussi. Je ne voulais pas qu'il partage un seul instant de cette vie privée entre Fanny et moi, il nous avait déjà assez détruit comme cela. Elle par exemple, ne cessait d'avoir des pertes dégueulasses, pleine de glaires pourries que je me retrouvai à mastiquer avant de les lui revomir dans son intérieur. La trahison de son corps était la pire d'entre toute, mais il fut aidé, aidé par ce démon de gosse Dylan, ce bon à rien, fils de putain.

Pourtant, temps aidant, j'ai appris à l'apprécier, à ma façon, chaque début de mois, je me rendais dans sa chambre, que je laissai exceptionnellement ouverte deux heures de temps pour l'aérer, lui évitant ainsi une asphyxie avec sa propre pisse et merde. Nous faisions venir quelques voisins, curieux, afin de leur démontrer qu'il était possible d'élever un moutard comme un clebs et d'en retirer les mêmes satisfactions. Tous étaient vraiment étonnés que notre nain continue à nous aimer malgré les incessantes raclées que je me plaisais à lui infliger. Surtout en ces jours de visite, il était délicieux d'entendre ses côtes céder sous mes poings vengeurs. Si ivre de douleur, il s'effondrait en larmes et je lui urinais dessus afin de lui rappeler qu'il n'était pas venu au monde pour se plaindre et qu'il pouvait endurer bien pire qu'il ne l'imaginait. Heureusement Fanny m'épaulait dans ce choix d'éducation stricte mais nécessaire pour éviter que ce petit pédé ne devienne encore plus pédale au fil du temps.

Ce ne fut malheureusement pas suffisant, avec nos soucis d'argent, son corps qui se déformait, mes envies d'alcool toujours plus grandissantes, nous avons fini par nous séparer. Cela couvait depuis un bon moment déjà mais un soir, elle me prit entre quatre yeux pour m'avouer qu'elle me quittait, ne supportant plus la vie à mes côtés. Elle embarquait le petit Dylan avec elle. Une délivrance. Elle resta une ultime nuit, voulant m'offrir une dernière fois son corps abimé pourtant toujours désirable avec une bouteille de Pastis dans le sang. J'ai passé mon temps à faire des aller-retours entre notre chambre et celle du nain. Dès que je giclais, je descendais au rez-de-chaussée lui en coller une. Ca me faisait repartir au quart de tour. Le voir terrifié, tenter de se cacher, partant à la recherche d'une table sous laquelle il pourrait éviter mes pieds, cela me donnait le courage d'aller en remettre une couche sur sa mère.

Peu de temps après notre séparation, les langues se sont déliées. Tout le monde applaudissait pourtant notre façon d'élever ce minable avorton, à l'époque de sa détention. Il faut croire que les gens se sont fait enfler le melon par certains garants de la morale, ces imbéciles qui croient que tous les gamins doivent être élevés de la même manière.

Alors voilà que maintenant que vous sortez de prison, j'y rentre. Je vous souhaite tout le courage nécessaire pour affronter cette vie qui vous attend, retourner auprès de ceux que l'on dit normaux, ayant droit à cette liberté qu'ils nous confisquent selon des critères assassins. Si retourner auprès de votre mari vous est compliqué, attendez moi, avec les remises de peine, d'ici deux ans, je devrais retourner à l'air libre et nous pourrions commencer une relation, avoir quelques chiards si vous le voulez, que nous pourrions congeler, et bouffer en bâtonnets.

Sincèrement vôtre.

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