RICARD CANCANE TOUJOURS A CANNES / 4

Publié le par ricard burton

le-festival-de-cannes-8644677.jpeg"Elle a vraiment une tête de vulve râpée." Ce mot assassin que me glisse Emmanuelle Béart au sujet de sa compatriote, Juliette Binoche en dit long sur le trauma que la première a vécu après avoir été recalée pour les affiches du Festival de Cannes de cette année quand Binoche y paraît fièrement, symbolisant l'esprit de la compétition: un encéphalogramme plat. J'y vois surtout le moyen de lui prêter mon épaule à Emmanuelle, de la réconforter, lui dire qu'elle est la plus belle actrice liftée. Elle n'est sortie qu'avec des moches par le passé alors pourquoi pas un noir ? Je suis resté à la fête TF1 à boire et à me poser la question toute la nuit sans trouver de réponse, encore moins son lit.

J'avais beau sentir le bourbon, la sueur et un peu la pisse, il était hors de question de retourner à Marseille pour dormir une heure. Je restai sur une des plages publiques de la ville pour terminer ma nuit, à proximité de quelques couples contractant des mycoses. 


Ma virée la veille avec les gens des "Cahiers du Cinéma" fut peu fructueuse. Ils me prirent de haut me demandant si j'avais la prétention de devenir réalisateur de long-métrage un jour. Parce qu'aux Cahiers quand on y rentre, c'est surtout pour en sortir, pour faire des films, mettre son érudition au service d'un projet de cinéma. Putain de merdeux, quand tu penses que les derniers fréquentables remontent aux années cinquante! J'eus le réflexe de déchirer leur feuille de chou de l'imbiber d'essence, de leur jeter dessus avec une allumette griffée Martinez. Ils brûlèrent plutôt bien, ils crépitèrent joyeusement comme des loupiottes de 14 juillet. Je leur urinai dessus, évitant ainsi leurs cris de souffrance ridicule. J'avais toujours préféré Positif de toutes les façons. Même si leur maquettiste devait avoir été abusé plus jeune, à en juger par l'austérité du magazine.


Après ce moment finalement tendre, mais qui ne me rapportait pas un rond, je fus bien ennuyé car même si je me goinfrais gratos dans les soirées de merde où rien n'était dit, où tout le monde allait de son bon mot, de sa bonne critique, de son palmarès, je n'avais toujours rien pour me payer ne serait-ce que des dessous pour le lendemain.


Et j'ai eu du boulot dès le matin, très tôt. Plein de sable, plus encore d'alcool, je me suis retrouvé en projo du Xavier Beauvois où je me suis endormis avant que le générique de début ne finisse. Ce type est une énigme du cinéma français que je n'ai aucunement envie d'essayer de déchiffrer. Il me plaît surtout parce qu'il est alcoolique. Sinon il a surtout le profil pour réaliser les soi-disant nouvelles séries explosives made in France proposée par Canal+. Ceci dit entre ça et le Festival de Cannes, niveau niveau, y a t-il une réelle différence ? Je me suis réveillé de la séance avec une main entre les cuisses d'un type à moustache, un ancien rédac chef de chez Studio. " L'odeur de fauve attire les autres grands prédateurs" – me dit-il. Je lui ai demandé de l'argent. L'accord fut accepté.


J'enchaînai rapidement avec le film que j'attendais le moins de la compétition. Ce film est celui d'un cinéaste d'un état terroriste, de l'axe du mal, Abbas Kiarostami, un type faussement dissident et qui fume la chicha avec Ahmadinejad en parlant torture. Que raconte son film ? La rencontre d'une galeriste et d'un écrivain. On dirait un pitch d'un auteur raté de facebook tournée en mini-DV sur les quais de Seine côté 5ème. Le fait qu'il soit avec Juliette Binoche n'arrange évidemment pas son cas pour lequel je n'ai aucune clémence. Cette pauvre fille n'arrête plus de s'enfoncer dans les abimes du ridicule en nous attirant dans les abysses de l'ennui. Elle a tout les stigmates d'une artiste ratée mais qui a réussi. Elle en est doublement insupportable. Ce soir, à la fête du film, je tenterai de savoir pourquoi elle veut nous faire croire qu'elle est de gauche et pourquoi elle nous tartine de son côté mielleux alors qu'elle est une belle tranche de saloperie.


Le Festival de Cannes a le talent incroyable de te renvoyer à la gueule pourquoi cette société du spectacle est ainsi stratifiée. Ceci dit, il n'est pas hypocrite car tu es repéré ainsi à l'intérieur du Festival, selon les couleurs qui t'accompagnent tout du long et qui racontent à quel niveau tu appartiens, à quoi tu as réellement droit. Mais au-delà de cela, il donne surtout le sentiment qu'il s'agit plutôt d'un musée, le Grévin, par exemple, tout semble figé, rien ne bouge, pas de nouvelles propositions de cinéma et surtout, toujours les mêmes connards, toujours les mêmes piques assiettes, les mêmes décérébrés qui viennent humer le même air que des décrétées stars, que leurs réalisateurs préférés. J'espère qu'un jour ces soit-disants journalistes, ces critiques du vide, se rendront compte qu'ils ne servent strictement à rien, sinon à glorifier un art transformé en marchandises par quelques trafiquants de l'économie. Et j'espère que quand ils s'en rendront compte, ils auront l'humilité de se taillader les veines.


De mon côté toujours aucune trace de virement pour payer mes trois premières piges. Je vais du côté du « Monde », demander à avoir une fenêtre de publication sur leur site mais toujours, ils préfèrent rester dans l'indigent. Même chose du côté de « Libé ». De toutes les façons Laurent Joffrin ne paie rien pour attendre. Ce coup de pied au cul que je lui promets, il finira bien par le recevoir. Les donneurs de leçons aimant à retourner leurs vestes sont les êtres les plus abjectes. Mais franchement, si j'en avais le talent et le culot, c'est tout mon costume souillé que je retournerais.

 

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